Cobalt
MÉTAUX RARES : LE PÉTROLE DE LA VOITURE ÉLECTRIQUE
Certes, la notion même de métaux rares est discutée dans les débats autour de la production des batteries. Par cette expression, nous entendons des éléments tels que le cobalt et le lithium, éléments constitutifs des électrodes des cellules de batterie. Le lithium est indispensable, puisqu’il est l’élément principal du couple redox qui entre en jeu dans la batterie. Un rapport de Global Data paru en octobre 2020 prévoit une production en forte hausse pour répondre à la demande croissante du secteur automobile : de 58 800 tonnes en 2020, elle pourrait passer à 134 700 tonnes en 2024. Aujourd’hui, l’Australie domine le marché, avec 53 % du lithium extrait dans le monde, devant le Chili (23,5 %), la Chine (9,7 %), l’Argentine (8,3 %) et le Zimbabwe (2,1 %). Pour la production de batteries, c’est avant tout le lithium issu des minerais australiens qui est privilégié. Car celui-ci est plus pur que celui extrait des saumures des déserts de sel sud-américains. Face à de nombreuses données contradictoires, il apparaît aujourd’hui assez difficile de jauger l’impact exact de l’extraction du lithium. Celui-ci n’est certes pas nul, mais le lithium n’est nécessaire que lors de la fabrication, contrairement au pétrole, dont l’extraction est nécessaire tout au long de la vie d’une voiture thermique.
Le cas le plus critique est celui du cobalt. L’enjeu est environnemental, mais aussi sanitaire et éthique, comme l’expliquait au quotidien belge L’Écho en 2019 Christopher Smith, directeur de la communication du groupe Umicore. « Sur une production mondiale de 130 000 tonnes de cobalt en 2018, 65 % proviennent de la République démocratique du Congo dont un tiers sort des mines artisanales. En tout, vous pouvez estimer que 20 % de la production mondiale vient de gens qui creusent des trous dans la terre ou les rivières. » Ces mines artisanales sont insalubres, pratiquent une extraction sans aucune protection de l’environnement et des travailleurs et emploient des enfants. De plus, avec une telle prédominance sur la production mondiale de cobalt, la République démocratique du Congo pourrait fort bien faire la pluie et le beau temps sur ce marché. L’enjeu est géopolitique tout autant qu’économique. Un paradoxe, alors même qu’un sondage réalisé en Amérique du Nord montre que les automobilistes estiment que la voiture électrique est un vecteur d’indépendance nationale, qui permet de s’affranchir des importations en pétrole. La République démocratique du Congo pourrait-elle devenir le royaume pétrolier de la voiture électrique ?
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